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mardi 16 octobre 2012

26 L'arrivée chez Claire.

Yann, n’est pas rentré tout de suite, il est allé voir le vieux moulin dont il ne reste que le fût de pierre circulaire, en son centre une grosse barre de fer dépasse encore, c’est autour d’elle que la meule tournait, la pierre elle est dans sa cour, elle lui sert de socle pour ses pots de fleurs et à sa place c’est la mauvaise herbe qui l’a remplacé, même pas une gerbe de blé sauvage qu’elle triste fin pour un moulin qui donnait le pain…Vu la dimension du socle il ne devait pas être très important, peut-être une mètre cinquante de haut et autant de diamètre.

Flânant encore son regard vers les rochers, vers la mer, il entra doucement et n’avait d’yeux que pour cette maison comme un chat qui découvre son nouvel univers. Claire lui avait précisé que chez elle on se déplace uniquement en chausson, elle avait tendu une paire béguens, il s’y était immédiatement conforté.

En lui faisant voir sa chambre, elle lui avait dit l’heure du repas, il eu assez de temps pour ranger quelques affaires dans un mobilier simple style des années cinquante, il avait eu le plaisir de retrouver un lit à cosy, certes il lui fallait avoir des nuits tranquilles…car le lit était juste d’une personne, après s’y être allongé, il l’avait trouvé confortable surtout sur ce gros édredon.

C’est vraiment une chambre de grand-mère pensa t-il, son armoire aux portes bombées il y en des tonnes aux puces. Non la glace n’est pas sale, elle juste piquée de partout, à l’intérieur les couvertures sentent bon la naphtaline, après y avoir placé ses vêtements en fermant il découvre deux motifs sculptés sur les portes….Un oiseau sur une branche…il rit.

Le réveil sur le cosy était à l’heure, elle avait donc tout préparé, même le lit était fait. Après y avoir placé ses livres, il vu que c’était l’heure. Ne sachant guère où aller, il se dirigea en écoutant les bruits, le petit couloir le conduisait vers la grande pièce meublé très chaudement et dans un style intimiste.

Au vu du nombre de tableaux, bibelots, fauteuils, des livres partout, y installer autre chose pouvait devenir très compliqué. Ce qui le surprenait le plus, c’était la pile de livre. Le meuble sous une des fenêtres en était submergé à tel point qu’il n’était plus possible de l’ouvrir… !
Comme dans toutes les maisons de Bretagne, il y a l’éternelle cheminée, sur la poutre encore des livres, une bible toute seule sans livre dessus et plein d’autre chose un peu partout, et au dessus encore un Christ en bois avec sa branche de buis

Claire en sortant de sa cuisine lui dit :

- C’est bien vous êtes à l’heure

Yann comprit que claire avait quelques principes, les chaussons, la ponctualité…il pensa que pour les oiseaux la ponctualité ce n’est pas facile à respecter.

- Pour ce premier repas, j’ai fait simple de la purée avec un œuf….Cela vous plait-il ?
- Cela est parfait madame
- Appelez moi Claire, il vous faudra prendre les coutumes locales, c’est bien plus pratique car de nombreuses familles ont le même nom, vous vous en apercevrez si vous aller au cimetière.
- Je m’en suis déjà rendu compte car nous fréquentons beaucoup le cimetière d’Ouessant à cause des arbres, et pour aller dans Prad Meur c’est là ou les oiseaux sont presque les plus nombreux.
- Vous connaissez déjà Prad Meur, oui c’est la deuxième fois que je viens à Ouessant et Prad Meur est incontournable, j’ai aussi vu beaucoup de Malgorn, Le Gall, et Tual.
- Avez-vous un régime, êtes-vous difficile ?
- Non, non rein de tout cela….répondit-il timidement.
- Ah c’est bien votre mère vous a bien élevé !

Yann ne répondit pas car à son ton tellement ferme et approbateur, qu’aurait-il pu dire ? et comment lui expliquer l’absence d’une mère.

- Aimeriez vous découvrir quelques plats de notre cuisine locale, mais aussi quelques-uns des miens ?
- Volontiers, cela me ferait même plaisir et me changerait de la cuisine sans caractère du resto U de Rennes avec trop souvent son steak fris et poulet petit pois.
- Aimez-vous les algues ?
- Je ne sais pas…..mais j’aime découvrir de nouveaux goûts, pourquoi pas….dit-il avec le sourire
- Vous devez avoir faim après deux heures et demie de bateau.
- Je suis surtout fatigué, car j’ai pris le train de nuit à Rennes.
- Me permettez-vous d’être curieuse….ne sachant quoi répondre il dit oui par obligation
- Vous me parlez de resto U et de Rennes, vous y faite quoi. ?
- Je suis en biologie animale, en espérant aller jusqu’en thèse, c’est mon but et je pense en être capable vu que cela marche bien pour l’instant.
- Et après
- Je ne suis pas capable aujourd’hui de vous donner de réponse, j’aurais bien des opportunités en fin d’études.
- Je crois qu’un bon avenir est devant vous, jeune-homme ! vous avez l’air de savoir ce que vous voulez faire.

Yann sourit, pendant tout le repas ils parlèrent ensemble, puis est arrivé l’instant du dessert, le seul qu’elle lui proposa était son flan aux algues, tout en le mangeant il fit la différence avec ceux de ses grands-parents fait avec des œufs et caramélisés au four….il le trouva très fade.

Après le café et la vaisselle faite ensemble, Yann pris congé et avec ses jumelles, il marcha dans la lande à travers les hautes herbes et la fougère en évitant les massifs de ronces, quelques lapins surpris, quelques pipits dérangés, des moutons aux regards craintifs accompagnaient son trajet jusqu'à la grève, plus il avançait, plus le parfum de celle-ci était présent.

Franchissant la dune de galets de Porz Nenv, il était devant l’immensité océane, seul avec le bruit du brisement des vagues, Assis, paisible, serein, se nourrissant de la puissance qui se dégage de l’élément marin, comme les autres occupants de ce lieu, des goélands posés face aux vents sur les rochers ou longeant le littoral dans un vol tranquille.

Sans éprouver d’ennui, il lui semblait qu’il pourrait y rester des heures, il s’allongea après s’être fait un lit de galets et s’endormit surement dans des rêves de liberté retrouvés…. ! Le lendemain se passa ainsi, il en est comme cela depuis la nuit des temps, Pern est juste un lieu de rêverie, de flânerie depuis que la culture y a disparue.