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lundi 26 décembre 2011

31 Le départ pour Brest.

Quelques jours plus tard……Le jour du départ pour L’hôpital Morvant à Brest est arrivé, Muriel n’avait pas passé le nouvel an avec sa grand-mère, mais avec les jeunes de son âge à l’Escale revenue chez elle qu’au petit jour, elle ne se leva pas avant 14 heures, afin de prendre le bateau vers 16 heures, elle devait dormir à Brest le soir, afin d’être le 2 au matin au rendez-vous.

Yann leur avait écrit à toutes les deux, et Muriel savait qu’elles pourraient en parler ensemble et tranquillement puisqu’elles seraient désormais réunis. Pendant qu’elle se prépare sa mère était partie chercher Claire, pour ensuite les amener au Stiff. Jusqu’à être seule sur le bateau, aucune n’en avait parlé, ni Claire à sa belle-fille, ni Muriel à sa mère.

Assise seule dans un coin du Fromveur, Claire demande à Muriel
- Qu’est-ce qu’il t’a écris ?

Muriel lui lu sa lettre….. » Ma chère Muriel….. Je suis installé dans mon unique pièce, avec au fond un coin cuisine et une salle de bain, au milieu se trouve une table sur laquelle je t’écris, à l’autre bout mon lit, les deux fenêtres donnent sur une cour, sur les murs, quelques posters, cartes postales de ton île et des portraits de toi que j’ai déjà tiré.

Comme ambiance musicale, j’écoute les gymnopédies et gnossiennes d’Eric Satie. Où lira tu ma lettre et dans quelle condition ? C’est toujours bien plus facile d’écrire quoique l’on en dise. Avant que tu lises, sache que j’ai pour toi la plus grande affection et que je n’ai qu’un espoir, c’est de te revoir et vivre une très longue complicité. Voici ce que j’ai écris à ta grand –mère et que je t’écris sous une autre forme.

Nous avons une histoire commune, je l’ai découvert en parlant avec toi. Mon grand-père est aussi le tient, c’est à la fois aussi incroyable que simple.

Lorsque que j’étais adolescent, ma mère m’avait dit que son père avait eu un premier mariage avec une autre femme qui était d’Ouessant. Ayant peu connu mon grand-père, cette histoire n’avait pour moi aucune importance, mais elle a contribué à me donner envie de découvrir cette île par le plus grand des hasards.

Jean-Yves que tu as vu intervient à la fac comme spécialiste des oiseaux, en biologie animal au cours d’une sortie de terrain en septembre, il me fit part qu’il irait sur Ouessant, et je lui ai demandé si je pouvais venir avec lui…voilà comment j’ai découvert Ouessant.

Et puis nous avons parlé de ta grand-mère, et c’est uniquement lorsque tu as évoqué l’île de Madagascar que cela à fait tilt dans ma tête, et j’avais peur qu’a l’insistance de mes questions que tu ne le découvre aussi. Lorsque que tu m’as attendu à la cabine téléphonique, j’essayais d’avoir une confirmation, en vain.

Notre grand-père a eu une fille d’une union illégitime, cette fille s’est appelée Marie, et je suis son fils. Mon grand-père est ensuite venu installer sa fille en France pour qu’elle puisse y faire des études, elle en est sortie médecin-chef de l’école navale de Rochefort, ce qui pour une femme est fort respectable, elle à ensuite exercé dans les colonies puis a épousé un capitaine de gendarmerie, je suis leur unique enfant. La maladie l’a emportée dans l’année de mes seize ans, un mal incurable qu’elle a sûrement contracté dans les colonies. Voilà pourquoi je t’avais envoyé le poème, « Qui m’inspire ».

C’est à cette unique occasion que j’ai connu mon grand-père pendant quelques semaines, il est ensuite reparti dans son île Madagascar, rejoindre sa compagne de toujours, ma grand-mère que je n’ai vu qu’en photo elle est une fort jolie femme.

Depuis la mort de maman j'ai été élevé par mes grands-parents paternels, des Sarthois. Mon père bien que présent, a été malgré tout, trop souvent occupé par son travail. Etant jeune nous avons souvent déménagé dans les colonies Française, Guyane, Nouvelle Calédonie..etc.

C’est à mon retour que j’ai pu en avoir la certitude, mon père m’a tout expliqué dans les moindres détails.
Par respect pour ta grand-mère que j’aime beaucoup et pour toi, je ne pouvais pas garder ce secret qui se serait dévoilé tôt ou tard avec des complications imprévisibles pour nous-mêmes.
Je sentais aussi qu’il y avait une attirance réciproque entre nous, c’est pour cela que je suis vite parti.

Je ne voulais pas revenir sans vous le dire, la peine de Claire aurait été trop forte et peut-être m’en aurait-elle voulu…
Alors, avant un éventuel retour où rencontre, je vous écris pour tout vous expliquer afin qu’il me soit possible de vous revoir sans qu’il y ait de malaise entre nous, tu te doutes bien que je me serais passé de cette histoire commune, mais il est vrai que pour ta grand-mère, ma mère, indirectement a été l’enfant de son malheur.

Sache Muriel que nous avons tous les deux l’avantage d’avoir choisi son petit cousin, je pense que c’est ainsi notre lien de parenté, quoique… ! Bref, ta grand-mère nous le dira.

Ma mère a été la plus tendre, la plus attentive, la plus aimante, j’ai toujours été guidé par elle jusqu’à son dernier jour, elle a toujours su me dire ce qu’il fallait pour être le meilleur et faire le bien autour de moi.

Elle ne m’a jamais raconté l’histoire de son père mais n’en a jamais dit du mal non plus. Je l’ai toujours vu écrire de longues lettres à sa mère, mais c’est notre grand-père qui les lui lisait, elle souffre de son illettrisme.
Je pense pouvoir dire que notre grand-père, avec tout le respect que je lui dois, n’a jamais cherché à arranger les choses, cela je ne l’ai pas écris à ta grand-mère.

Lorsque j’étais avec Claire les derniers soirs, je n’osais lui parler de moi, de ma vie de peur qu’elle comprenne et je ne voulais pas non plus lui mentir.
Muriel, quelque part dans nos veines, nous avons du sang commun et les mêmes gênes, est-ce cela qui m’a profondément rapproché de toi ?
Ma chère cousine je désire toujours te prendre dans mes bras, partager tes joies, t’aimer comme un frère
Pour Claire, pour tes parents, j’ai peur qu’il en soit tout autrement, maintenant qu’est-ce que cela change pour toi ? J’espère que le passé de nos familles n’aura pas aucune importance.

Toutes les mères disent de jolies choses avant de partir, elle m’a dit « tu es l’enfant de l’amour et tu en seras heureux ».

C’est à cet instant que Muriel entendra les sanglots de sa grand-mère, elle n’avait pas levé la tête de toute sa lecture et ne l’avait pas vu pleurer.

FIN